About Ro Activ

Je me souviendrai toujours de ma première conversation avec un jeune Roumain diplômé à Paris. Il m’a expliqué qu’il se fichait de son pays, contrairement à la plupart de sa génération, car le pays était ravagé par la corruption, une sclérose qui paralysait toute initiative, du gouvernement aux citoyens. Au début, je ne pensais pas que c’était le cas pour tout le monde, mais j’ai rencontré d’autres personnes à Bucarest à cette époque et j’ai réalisé que toute une génération était totalement indifférente à la politique et à l’éducation civique. J’étais sous le choc. En France, ce n’était pas vraiment mieux, mais je me souviens des nombreuses grèves de mes années universitaires et de nombreux étudiants qui espéraient au moins changer les choses autour d’eux.

Avec le temps, j’ai continué à visiter la Roumanie et à rencontrer des Roumains, et petit à petit, j’ai senti que les choses changeaient, les discours commençaient à changer : certains parlaient de lutter contre les abus, d’autres disaient qu’ils attendaient la disparition de la dernière génération pour changer les choses. Mais changer les choses est soudain devenu possible pour certains. Et lorsque la crise économique a frappé toute l’Europe et finalement la Roumanie, l’incroyable s’est produite. Des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour manifester. L’apathie civique s’est estompée, les gens ont compris qu’ils avaient une voix et que même -15 °C ne les empêcherait pas de manifester et d’agir pour leur survie.
J’ai commencé à entendre des Roumains vivant à l’étranger parler de retour en arrière et d’activisme. Mais lorsque les manifestations de Rosia Montana ont atteint toute l’Europe, j’ai été stupéfait.
Enfin, la conscience s’est réveillée.
Et les périodes suivantes m’ont prouvé que ce n’était que le début d’un changement générationnel.

Puis, je me suis installé en Roumanie pendant l’été 2014 et j’ai entendu des gens dire que personne ne s’impliquait dans le changement. C’était frustrant, et j’ai pensé qu’il serait important de sensibiliser le public à ce qui se passe ici. J’ai décidé de documenter les projets et les acteurs du changement que je découvre, non seulement avec une photo, mais aussi pour leur donner l’occasion de partager leurs histoires avec d’autres avec leurs propres mots. Afin de montrer que l’initiative émane de personnes très diverses, non seulement celles rémunérées par les ONG, mais aussi celles bénévoles, j’ai décidé d’organiser l’entretien selon un modèle de questions. Ainsi, chacun comprendra plus facilement le message, mais bien sûr, il ne s’applique pas à tous.
Le processus est simple : je ne suis pas à la recherche d’un activiste, j’agis par hasard ou par recommandation. Lorsque je rencontre un Roumain qui souhaite changer les choses pour de bon, même sur un point simple, je souhaite garder une trace. Il ne s’agit pas d’un nom prestigieux, mais de personnes qui me touchent. Il ne s’agit pas de grands changements ni de dresser une liste de personnalités importantes à Bucarest. Je ne m’attends pas à créer autant de changements moi-même, j’espère simplement donner du pouvoir à certaines personnes. Il semble également que les personnes que j’ai rencontrées puissent exprimer ce qu’elles ont à cœur, et je pense que cela les aide aussi à évacuer une certaine frustration.

 
 
 
 
 
English

I will always remember the first conversation I had with an high educated young Romanian guy in Paris that explained me that he don’t care about his country as most of his generation because the country is sick of corruption, a sclerosis that immobilize all initiatives, from the government to simple persons. In the first moment I didn’t taught it was really like this for every body, but I met more people in Bucharest at this period and I realized that it was an entire generation that was totally unconcerned by politics and general civics consideration. I was a chock. In France it wasn’t really better but at list I remember many strike of my university period and many students at least expected to change things around them.

With time, I continue to visit Romania and to meet Romanian, and little by little I felt that thing was changing, the speeches were starting to be different, some was speaking about acting again abuses, some other said that they wait for the last generation to disappear for changing things. But changing things was suddenly a possibility for some. And when the economic crises stroked all the Europe and finally touch Romania, the incredible thing appears. People were going to the street by thousands to manifest. The civic apathy was falling, people realized they had a voice and even minus 15°C would not stop them for demonstrating and acting for them lives.
I started to hear some Romanian living aboard speak about a way back and about activism. But when Rosia Montana demonstrations reach the entire Europe I was amazed.
Finally the conscience was awake.
And the next periods proved me that it was just the beginnings of the generational change.

Then I establish in Romania during the summer 2014 and I kept hearing people telling that no one is involved any change. It was frustrating, and thought that it would be a important to give awareness about what’s happening here. I decide to document the projects and change makers I discover, not only with a picture, but also to give them the opportunity to share their stories with others with their own words.
In order to show that initiative come from many kinds of people, not only the one paid by NGO but also volunteers, I decide to organise the interview in a pattern of questions. This way people can more easily get the point, but of course it doesn’t fit all.
The process is simple, I’m not hunting activist, I act by serendipity or recommendation, when I meet a Romanian trying to change for good even something simple, I want to keep a trace. This not about great name, it’s about people that touch me. It’s not about great change or making a list of important people in Bucharest, I don’t expect to create that many changes myself, I just hope to empower some people. It seems to be fine also for the people I met to be able to speak what they have on heart, I think it also helps them to release some frustration.

 

 

 

© Nicolas Friess